La mort du roi Tsongor
La mort du roi Tsongor
Auteur : Laurent Gaudé
Editions Actes Sud, 2002
Vous avez aimé Salambô de Flaubert ? Vous avez été sensible à la poésie qui traverse le Désert de Le Clézio ? Vous vous souvenez du plaisir étrange que vous avez éprouvé en lisant L’exil et le Royaume de Camus, ou L’aleph de Borges ?
Si c’est le cas, lisez vite ce roman.
Vous y retrouverez un peu de tout ce qui précède, sur fond d’une guerre de Troie dont l’Hélène s’appelle Samilia, où Troie devient Massaba, où les armées en présence finissent par ne plus vraiment savoir pour quoi ni pour qui elles se battent, mais le font jusqu’à la mort du dernier combattant.
Tout commence quand le vieux roi Tsongor, après avoir passé sa vie à se forger un immense empire de bataille en bataille, de siège en siège, de massacre en massacre, enfin retiré, repu de sang et souhaitant finir sa vie paisiblement dans sa capitale, Massaba, accepte de se faire donner la mort par son fidèle compagnon, Katabolonga, à qui, lors d’un des derniers combats de sa longue entreprise de guerrier, il avait donné le droit de lui prendre la vie au moment même où ce dernier le voudrait.
Pourquoi se résigne-t-il à mourir ce jour-là ? Parce qu’il est incapable de choisir entre les deux prétendants à la main de Samilia.
Il meurt donc, sachant que la guerre commencera le lendemain, après avoir demandé à son plus jeune fils, Souba, de parcourir le royaume à la recherche des sept lieux les plus propices à la construction des sept tombeaux dont l’ensemble devra refléter ce que fut le grand roi Tsongor.
Epopée, long poème ésotérique, récit initiatique, tout cela se mêle ici dans une belle langue, traversée de réminiscences des mythes mélangés, à peine travestis, de diverses civilisations et des thèmes éternels de la tragédie.
Quel plaisir esthétique !
Patryck Froissart, le 14 janvier 2006