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L'Express Dimanche

 
 
 
 
 
Dimanche 14 mai 2006 - No. 15788 
 
Culture 
 
Patryck Froissart ou l’éloge de la poésie hermétique 
 
 
Poète mascarin, résidant à Maurice, après vingt ans passés à la Réunion, Patryck Froissart fait paraître, ces jours-ci, une nouvelle publication qu’il baptise solennellement « proème », une alternance de poèmes et de textes en prose.  
 
 
Patryck Froissart, à travers son Éloge de l’opaque ellipse, veut surtout nous bercer par la seule vertu de la musicalité des mots.  
Originaire de Condé-Macou, petite ville du département français du Nord, jouxtant le royaume de Belgique et le plat pays de l’inoubliable Jacques Brel, Patryck Froissart, qui a aussi vécu une vingtaine d’années à la Réunion et qui sort actuellement un livre intitulé L’éloge de l’opaque ellipse, confesse avoir « tourné également de nombreuses pages de sa vie à Mayotte et au Maroc ».  
 
On retrouve ainsi avec bonheur de sympathiques traces de présence arabe dans son écriture.  
 
L’on peut même rapprocher la musicalité de ses phrases, qu’elles soient en vers ou en prose, aux mélopées nord-africaines. On peut, en effet, lui prêter cette manière d’avancer sans en avoir l’air, la progression se dissimulant habilement derrière une certaine répétition, une sorte de danse en rond, permettant au conteur ou au poète de mener imperceptiblement son lecteur ou son auditeur là où il veut le conduire.  
 
Ses poèmes comme ses textes en prose nous renvoient, bien sûr, à de précédentes émotions auxquelles l’auteur se permet d’imperceptibles allusions, nous imposantle devoir d’utiliser nos méninges pour en retrouver le fil conducteur.  
 
La nouvelle publication de Patryck Froissart, son « proème » intitulée L’éloge de l’opaque ellipse est imprimée par High Quality Press Ltd, de la route de l’Abattoir, Roche Bois. Elle compte environ 200 pages qui ne sont pas d’un abord facile. N’y cherchez pas une table des matières ni encore moins préface ou page d’introduction.  
 
Le lecteur doit se jeter à l’eau de prime abord. S’il surnage, il doit s’accrocher afin de ne pas décrocher car notre poète excelle autant en hermétisme qu’en heureuses formules poétiques, les unes plus réussies et plus chantantes que les autres.  
 
 
Des mots sonnant et trébuchant  
 
Les pages en prose apparaissent comme des oasis de compréhension. Elles ne sont que mirages et le lecteur, trop cartésien, obsédé par un besoin de comprendre, de synthétiser, ou encore celui en quête de belle histoire, reste sur sa soif. Il finit par comprendre que Froissart veut surtout nous bercer, sinon nous houspiller, par la vertu de la seule musicalité des mots qu’il enchaîne inlassablement ou plus exactement qu’il égrène, pour rester dans une note plus marocaine à défaut d’être mahoraise.  
 
De temps à autre, on échoue sur des phrases aussi belles que : « Je la souhaitai, elle se promit, nous nous destinâmes. Splendide conjugaison ». Et le lecteur se dit : « L’auteur de formules si bien ajustée ne peut me laisser indifférent.  
 
Je me dois de m’élever à la hauteur où il me donne rendez-vous ».  
 
Tout ne respire pas la clarté de la légende de Nou’m, naissant sous la tente nomade, provoquant la mort d’une étoile pour que la sienne s’illumine. Mais il faut s’accrocher si l’on veut découvrir plus loin.  
 
 
 
Hautes maisons  
Fortes cloisons  
Larges prisons  
Dont les ans ont  
Toujours raison  
Pourquoi ne sait-on pas  
Qu’il est vain de bâtir  
Quand il n’existe pas  
De muraille qui tienne  
Si l’amie veut guérie  
De nous se départir ?  
 
 
 
Plus localement, on peut s’ébahir de ces :  
 
 
 
Ô tranquilles géants  
Ô Mornes forestiers  
Ô pâtres altiers  
De nos gentils dodos  
 
 
 
Lambrequins vers le ciel  
Vos hauteurs atterrées  
S’érodent  
 
 
 
À moins que le lecteur ne préfère :  
 
 
 
La tortue nonchalante,  
Aux dunes maternelles,  
Posait ses oeufs, confiante,  
Et repartait vaguer.  
Le dronte, mou flânait  
Dadais, sous les tonnelles  
Où pas un loup, jamais,  
Ne l’espérait croquer.  
 
 
 
Avant qu’un bernardin  
S’en vînt les romancer,  
Un marron malabar  
D’ataraxique allure,  
Une gauloise franche  
D’être et de tenure,  
Enfin déboussolés,  
Aimaient y paresser  
 
Nous sommes prévenus. Patryck Froissart ne nous offre pas un roman de gare ni un de Guy des Cars. L’éloge de l’opaque ellipse contient des pages à lire et à relire, à méditer, à se réciter à voix haute, en attendant d’être conquis par la musicalité des mots. N’y cherchons aucune histoire mais des mots sonnant et trébuchant qui nous martèlent le tympan jusqu’à ce que leur sonorité devienne signifiant.  
 
 
Un homme des cimes  
 
Patryck Froissart choisit donc les sentiers escarpés de l’hermétisme poétique, sinon de la poésie ésotérique.  
 
Il n’est pas auteur à déambuler dans l’air empesté des fonds de vallée. Cet auteur a besoin de hauteur. C’est un homme des cimes. Il ne choisit certes pas la facilité et c’est tout à son honneur même si, à l’arrivée, le nombre des élus ne correspond guère à celui des appelés.  
 
Il prend le risque de perdre certains lecteurs en cours d’escalade. Il ne retient que des lecteurs aussi talentueux que lui. Son Eloge de l’apocalypse fait limpide comparé à l’hermétisme plus poussé de l’Eloge de l’opaque ellipse. Et tant mieux si celui-ci nous fournit l’occasion de revenir à celui-là, même dans l’espoir que celui-là nous permette de comprendre plus rapidement celui-ci.  
 
Ne tirons pas sur le poète. Il nous a déjà prévenus : « Le voyage à dos d’âne de mes vers ne sera pas gai » mais c’est le prix à payer si nous voulons « reconnaître en cours de route les pauvres paysages et les tristes fous » que nous rencontrons, hélas, tous les jours.  
 
Le poète n’est peut-être pas assez connu de ses lecteurs potentiels. Pouvons-nous lui suggérer l’expérience de quelques séances de lecture à voix haute afin de nous permettre de franchir plus sûrement certains passages dont l’escarpement pourrait nous effrayer de prime abord ?  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Yvan MARTIAL 
 
 
 
 
 
 
 
 
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