Il avait plu tout le dimanche
Titre : Il avait plu tout le dimanche
Auteur : Philippe Delerm
ISBN : 2070411559
Editeur : Mercure de France
Collection Folio
Voici un petit livre qui se lit vite avec beaucoup de plaisir.
Philippe Delerm sait écrire. Le portrait de Monsieur Spitzweg est une œuvre d’art, une peinture que le lecteur voit naître et s’affiner, se gauchir, s’élaborer, se peaufiner par petites touches successives. La technique, très particulière, est maîtrisée, efficace. Chaque « chapitre » apporte un détail nécessaire, un éclairage complémentaire, un trait nouveau, jamais superflu, une petite rondelle de vie, toujours signifiante.
Monsieur Spitzweg, dans son genre, est un personnage, ordinaire, certes, mais un personnage, bien fondu dans son environnement, dans son quartier, dans sa rue, dans son bureau.
C’est le type même du satisfait, du content de soi, de celui qui ne se pose pas de questions, ah, surtout pas.
Son petit roman d’amour avec Clémence Dufour, sa collègue postière, est un roman d’amour petit, d’où est absente toute trace de passion, et qui se termine sans dénouement, qui se défait sans rupture, qui finalement conforte les bonnes habitudes de célibataire que retrouve avec ronronnement notre héros.
Héros de quoi ? Héros de rien, justement.
Car tout est petit et terne dans la vie de Monsieur Spitzweg, mais d’une petitesse confortable, rassurante : les choses sont à leur place.
Même le voyage à Ostende n’est qu’un prétexte pour se dire, au retour : « Qu’on est bien chez soi ! ».
Alors, me demanderez-vous, quel plaisir peut-on ressentir à la lecture d’un roman sans romanesque, avec un héros qui n’a rien d’héroïque, et qui se situe dans le monde sans relief de la vie ordinaire ?
C’est là qu’intervient tout le talent de Philippe Delerm : ces petits textes, qui ne dépassent pas quatre pages, ne sont pas juxtaposés, mais enfilés, comme des perles, sur un fil d’or, chacune venant donner son lustre aux autres.
Ce petit livre, on s’en délecte, on s’en lèche les yeux. C’est un bonheur. A ne pas rater…
Patryck Froissart, le 15 mars 2006