Sur le bord de la rivière Piedra,...
Titre : Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assise et j’ai pleuré
Auteur : Paulo Coelho
Collection Le Livre de Poche
Editions Anne Carrière, Paris, 1995
Traduit du portugais par Jean Orecchioni
Il y a des livres étincelants, dont la lumière vous poursuit longtemps après que vous les avez lus.
« Je me suis assise au bord de la rivière Piedra et j’ai pleuré » est de ceux-là. Sans surprise : l’auteur est un maître du genre.
La narratrice, Pilar, raconte à la 1ère personne 7 jours d’un périple qui la conduit de Saragosse à Madrid, où elle retrouve son amour d’enfance, devenu séminariste, prédicateur et faiseur de miracles, puis à Lourdes.
Il prêche le retour du règne du dieu-femme, en la personne de Marie divinisée, et le culte de l’Immaculée Conception.
Les deux personnages, au hasard des haltes de leur « chemin de croix », s’opposent de façon déchirante sur les choix à opérer : vie laïque à deux et sacrifice de la vocation religieuse de l’un, engagement pour lui dans le sacerdoce et renonciation pour tous les deux à cet amour qu’ils partagent depuis l’enfance, abandon pour elle des projets de vie laïque et embarquement conjoint dans une mission divine de révélation de la religion de la déesse mère…
Le jeu se noue de sacrifice en sacrifice, chacun à tour de rôle faisant à l’autre le don de soi, de ses idéaux, de sa vie.
C’est beau, c’est puissant, c’est grand. C’est Paulo Coelho.
Les dialogues sont superbes. Les lieux permettent à Pilar et à son compagnon (dont le nom n’est jamais donné), de vivre au milieu du monde leur double folie en vase presque clos.
Le décalage entre les détails et situations concrets, réalistes, voire triviaux, et la passion, d’un autre âge, qui les rapproche et les sépare au gré des chapitres, donne à la lecture de Coelho cette impression d’étrangeté qui ne peut que captiver ses lecteurs.
Patryck Froissart, le 23 janvier 2006