Noir prophète
Titre : Noir prophète
Auteur : Marc Durin-Valois
Editeur : J.C. Lattès, Paris, 2004
Voilà un roman bien étonnant.
Un jeune Parisien, Frédéric Madovski, travaille pour le SERDA, Service d’Etude et de Recherche pour le Développement de l’Afrique.
En Ouganda, des rumeurs font état d’un prédicateur obscur, Juwna, dont les discours détourneraient les disciples de toute activité sociale, productive, économique.
Les destins de Frédéric et de Juwna peu à peu s’entremêlent. La vie de l’un dépend de l’autre sans qu’aucune rencontre ait jamais lieu, sans qu’aucune communication s’établisse entre les deux hommes.
Partie de l’Ouganda, une étrange épidémie se répand dans le monde entier.
La modernité de notre société se désagrège, pan par pan. Les employés des transports quittent leurs postes en masse, puis les personnels de bureau des grandes et petites entreprises jettent leurs ordinateurs par les fenêtres. Ce sont ensuite les téléspectateurs qui délaissent les écrans, ce qui provoque une crise de la publicité, puis des faillites en série. Des gens se mettent à aller s’installer et vivre les uns chez les autres. Les adeptes des grandes religions se détournent des lieux de culte. Tout semble peu à peu s’écrouler, matériellement, idéologiquement, socialement, économiquement, philosophiquement : « tout fout le camp ».
Les pouvoirs tentent par tous les moyens de circonscrire l’agitateur : corruption, propagande avilissante, tentatives d’assassinat. Rien n’y fait. Le mal s’étend, menace de détruire « la civilisation ».
Frédéric, intégré par hasard dans l’équipe chargée d’étudier les moyens de neutraliser le « prophète », de plus en plus fasciné par le personnage, finit par franchir la ligne : il fait prévenir l’entourage du mage de tout ce qui se prépare pour l’abattre.
Je ne dirai pas ici comment finit le roman. A lire sans hésitation: l’intrigue est très bien montée, et le suspens garanti.
Patryck Froissart, le 19 janvier 2006