L'épopée du buveur d'eau
Titre : L’épopée du buveur d’eau
Auteur : John Irving
Editeur : Le Seuil, juin 1988
Titre américain : The water-method man
Traduction de Michel Lebrun
ISBN : 202010184X
Le ressort central est un urètre trop étroit, qui a la fâcheuse manie de se boucher lorsqu’il est contrarié.
Toute la loufoquerie et le désespoir du roman tournent sans cesse autour du pot (de chambre ?) que figure ici cet organe vital.
Le narrateur, qui est tantôt le personnage lui-même, Fred Bogus Trumper, tantôt un « Il » qui prend le relais, sans doute lorsqu’il devient urgent de mettre un peu de distanciation, nous entraîne dans une succession d’aventures burlesques, triviales, amoureuses, sportives, sexuelles, qui aboutissent l’une après l’autre à autant d’échecs.
Car c’est bien du roman d’un raté qu’il s’agit, mais d’un raté sympathique, d’un bon à rien touchant, d’un va comme je te pousse hilarant, qui se moque de lui-même en se mettant en scène dans une série époustouflante de gags invraisemblables. Pour peu que vous lisiez ce livre assis dans un fauteuil, ce fauteuil devient siège d’une salle de cinéma. On est dans la lignée des Buster Keaton, des Laurel et Hardy et autres Marx Brothers.
Parfois c’est gros, énoooorme, et ça ne cesse de gonfler, comme le préservatif que Bogus a oublié de retirer après une scène d’adultère (raté bien entendu) avec une amie, et qui devient, au retour près de l’épouse, le corps si ostensible du délit qu’il provoquera une belle scène de rupture.
Certains épisodes sont inoubliables, tel celui dans lequel notre Bogus, parti à Munich à la recherche d’un vieux complice perdu de vue, se retrouve, ayant pris une chambre à l’hôtel Taschy, notoire maison de passe, pris dans une descente de police à la suite du vrai faux décès d’un client en pleine action dans une chambre voisine, et possesseur involontaire d’un paquet de haschich pur qui lui vaudra d’autres mésaventures rocambolesques.
On en a ainsi pour ses 370 pages de plaisir.
Le délassement est garanti.
Patryck Froissart, le 14 avril 2006